La grogne des médecins qui a démarré en fin d’année et qui rassemble aujourd’hui largement a émergé à travers le collectif apolitique et asyndical baptisé « Médecins pour demain ».
Ses revendications n’emportent pas forcément l’adhésion de tous les médecins, et visiblement elles ulcèrent une partie des patients.
En effet, dans un communiqué, France Assos Santé Île-de-France, qui réunit des associations de patients franciliens, a passé au crible quelques arguments et revendications du collectif et se montre très critique.
Revendication phare du collectif, le doublement du prix de la consultation pour « créer un choc d’attractivité », ne passe pas auprès des patients.
« Cette proposition, si elle devait être appliquée en son entier, demanderait un effort supplémentaire à la société et creuserait davantage les inégalités sociales de santé dans notre région », écrit l’association.
Elle rappelle par ailleurs que la région est le premier désert médical de France métropolitaine, que « les inégalités sociales de santé y sont criantes et les problématiques d’accès aux soins nombreuses ».
Sur la proposition de versement d’aides financières supplémentaires à l’installation, France Assos Santé estime que cela a déjà été expérimenté et « n’a permis aucune amélioration ». Les patients franciliens appellent plutôt à une régulation de l’installation « des professionnels de santé ayant une mission de service ».
Arrêter de penser en silos
« Médecins pour demain », comme d’autres organisations professionnelles de médecins, s’est aussi montré critique de certaines délégations de tâches et notamment l’autorisation de prescription pour les infirmiers en pratique avancée (IPA).
Or, pour France Assos Santé il faut même aller plus loin que la délégation de tâches « pour se diriger vers un transfert de compétences encadré par la Haute Autorité de santé ».
« Il s’agit d’une manière utile de penser la graduation des soins, l’interdisciplinarité et les différents niveaux d’expertise à mobiliser pour une personne qui nécessite des soins. Cela facilite les regards croisés fondés sur des compétences complémentaires de professionnels sur une situation et permet de mieux aborder les savoirs expérientiels patients », écrit l’association.
Comme elle le souligne, d’après l’URPS-ML d’Île-de-France, le territoire risque de perdre 50 % de son offre en médecine libérale d’ici cinq ans, une donnée qui justifie pour l’association de passer « de l’exercice d’une médecine solitaire à une médecine solidaire ».
L’interdisciplinarité, le partage de compétences, le travail en équipe permettraient « d’améliorer la qualité et la sécurité des soins » et profiteraient aux usagers. « Ces nouvelles organisations contribueraient en outre à alléger la surcharge de travail administrative que ce collectif dénonce. »
En conclusion, France Assos Santé dénonce donc des « revendications inadaptées à la médecine d’aujourd’hui ». Les patients suggèrent plutôt de s’emparer collectivement du futur projet régional de santé.
« Il faut cesser de penser l’organisation du système de santé en silos et selon le prisme particulier d’une profession ! C’est en pensant cette organisation collectivement, professionnels de santé, offreurs de soins, élus et usagers, que nous trouverons des solutions ! »
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