Vous l’avez peut-être remarqué, ce vendredi 20 mars, c’est le printemps ! Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, on trouvera dans l’actualité quelques signes de renouveau pour la médecine générale. L’affaire de Grenoble est une de ces bouffées d’oxygène, suffisamment rares pour qu’on s’y attarde un instant. Pour la première fois, un confrère de la Drôme qui cotait Cs sur ses feuilles de soins, a en effet obtenu gain de cause. Ironie de l’histoire, cette décision de justice qu’on n’attendait plus, intervient deux ans après la publication du rapport Lancry qui excluait les médecins de famille de la nomenclature spécialiste. Voilà donc le « C = Cs » remis au goût du jour… Juste retour des choses, et joli pied de nez à des négociations qui s’enlisent depuis 2007, pour un petit euro de plus.
Ce coup de théâtre laisse pourtant la profession perplexe, partagée entre anxieux et audacieux, légalistes et francs-tireurs, prudents et enthousiastes. Hésitations bien compréhensibles, qui s’expliquent par le souci de ne pas prendre les patients en otage, et aussi du fait de la réaction épidermique de la Sécu. Décidément, une hirondelle ne fait pas le printemps… On attendra donc le verdict de la cour de cassation avant de se réjouir. Pour l’heure, rappelons quand même que seule une petite moitié d’entre vous déjà qualifiée spécialistes peut se lancer sans trop de risque dans l’aventure. Et pour les autres un petit conseil: précipitez-vous, séance tenante, à votre conseil départemental. Ça pourra être utile par la suite…
Car la décision de la cour d’appel de Grenoble est un précédent. Pas encore une jurisprudence. Mais déjà un symbole. Et sur ce terrain, la Justice n’a jamais porté aussi bien son nom. Désormais, la Sécu aura beau temporiser, elle aura du mal à repousser éternellement l’échéance. Ça ferait désordre. Entre la Cnamts et les généralistes, l’heure est donc au compromis... ou à l’affrontement. Attention, il suffirait de pas grand-chose pour allumer la mêche. L’actualité vient d’en apporter une nouvelle preuve. Excédés par leurs conditions de travail et par les contraintes « démographiques » apportées par la réforme Bachelot, 182 confrères viennent ainsi de rendre publique une lettre ouverte aux jeunes médecins. « Ne soyez pas les dindons d’une farce qui dure depuis des décennies, » lancent-ils aux futurs généralistes. Avec l’énergie du désespoir.
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