Le Généraliste Quel est le profil des jeunes médecins salariés ?
Dr Éric May Ce sont des jeunes qui aspirent à un environnement de qualité pour un exercice de qualité. Parmi les critères, la notion d’équipe est très importante, celle de tâches administratives réduites ou nulles également, ainsi que l’accès à un environnement matériel adéquat notamment un dossier médical partagé. On voit également l’aspiration à un temps de travail borné avec un niveau de rémunération suffisant. Les droits du travail les attirent aussi, ainsi qu’une très grande liberté. Une idée reçue relie libéral et liberté, mais aujourd’hui celle-ci est clairement associée au salariat par les jeunes. L’avantage est de pouvoir pratiquer, à côté, des activités professionnelles ou extraprofessionnelles. Je pense notamment à tous ces jeunes qui ont besoin de temps pour mener à bien une carrière universitaire et trouvent dans le salariat, la structure en équipe, tous les éléments pour pouvoir le faire. Par rapport au libéral, ils sont aussi détachés complètement de la relation financière avec le patient. Un secrétariat se charge de toutes les tâches de facturation. Le temps de travail étant un temps médical pur et dur.
Ces nouvelles recrues ne vont-elles pas engager les centres de santé dans un changement culturel ?
Dr E.M. Celles-ci ne s’engagent pas par pragmatisme. L’aspiration à exercer une médecine moderne telle qu’on estime qu’elle doit se faire aujourd’hui, c’est de la lucidité. La meilleure des reconnaissances, c’est d’avoir tous les jours des jeunes qui viennent frapper à notre porte pour nous demander une place. Ce qu’ils voient, c’est qu’ils ont la possibilité d’exercer leur métier pour tous sans se poser de questions et nous avons tous été formés à ça. Un médecin a quand même pour sacerdoce de soigner tout le monde de la meilleure façon possible. Même si tout n’est pas parfait en centre de santé, nous donnons ces moyens-là. Donc les missions des centres de santé rencontrent à la fois leur adhésion et leur enthousiasme.
Avec de nouvelles structures et de nouveaux médecins, la feuille de route des centres de santé a-t-elle changé ?
Dr E.M. Ils n’ont d’autre politique que de permettre l’accès aux soins du plus grand nombre. C’est une volonté commune à tous les bords. Les centres de santé qui se créent actuellement sont portés par des collectivités de droite comme de gauche. Plus question d’idéologie ; il s’agit d’aspiration commune et partagée. Les jeunes qui y travaillent, s’ils n’en étaient pas encore conscients, en prennent conscience. Cela est parfois structurant pour certains qui n’avaient pas mesuré les problématiques d’inégalités sociales et territoriales de santé. Ce ne sont pas tellement eux qui transforment les centres de santé mais parfois ces structures qui les forment sur le monde, qui n’est pas celui de « Oui-Oui ».
Comment définissez-vous aujourd’hui les grands enjeux pour les centres de santé ?
Dr E. M. Il y a eu un changement de gouvernement et de ministre : nous sommes en attente d’orientations, du plan sur les déserts médicaux et d’annonces opérationnelles sur la création des structures regroupées. On a entendu M. Macron citer un grand plan des structures d’exercice regroupé, parfois limité dans l’expression aux MSP. Nous attendons d’y être associés.
Où en êtes-vous des discussions sur l’ordonnance annoncée le 26 janvier 2016 ?
Dr E.M. Elle doit redéfinir les conditions de création et de fonctionnement des centres de santé. Nous en avons rejeté la première version en bloc de façon unanime, puisqu’elle contenait la proposition de mettre en place une autorisation pour la création. Aujourd’hui, le travail continue, et la possibilité pour des structures lucratives de gérer des centres de santé est apparue dans le texte de façon explicite. Tout cela nous fait craindre que le centre de santé devienne un enjeu d’investisseurs qui veulent faire commerce de la santé ambulatoire. Nous avons expliqué notre position, qui apparait faire la majorité. Nous attendons maintenant le retour du ministère. Nous ne sommes pas là pour prendre la place des uns et des autres, mais les problèmes sont importants, les enjeux sont énormes, et la population des territoires a besoin de tous . Les centres de santé sont des acteurs importants, intéressants, pertinents qui peuvent apporter des solutions dans beaucoup de situations.
Propos recueillis par Amandine Le Blanc
Dr Éric May Ce sont des jeunes qui aspirent à un environnement de qualité pour un exercice de qualité. Parmi les critères, la notion d’équipe est très importante, celle de tâches administratives réduites ou nulles également, ainsi que l’accès à un environnement matériel adéquat notamment un dossier médical partagé. On voit également l’aspiration à un temps de travail borné avec un niveau de rémunération suffisant. Les droits du travail les attirent aussi, ainsi qu’une très grande liberté. Une idée reçue relie libéral et liberté, mais aujourd’hui celle-ci est clairement associée au salariat par les jeunes. L’avantage est de pouvoir pratiquer, à côté, des activités professionnelles ou extraprofessionnelles. Je pense notamment à tous ces jeunes qui ont besoin de temps pour mener à bien une carrière universitaire et trouvent dans le salariat, la structure en équipe, tous les éléments pour pouvoir le faire. Par rapport au libéral, ils sont aussi détachés complètement de la relation financière avec le patient. Un secrétariat se charge de toutes les tâches de facturation. Le temps de travail étant un temps médical pur et dur.
Ces nouvelles recrues ne vont-elles pas engager les centres de santé dans un changement culturel ?
Dr E.M. Celles-ci ne s’engagent pas par pragmatisme. L’aspiration à exercer une médecine moderne telle qu’on estime qu’elle doit se faire aujourd’hui, c’est de la lucidité. La meilleure des reconnaissances, c’est d’avoir tous les jours des jeunes qui viennent frapper à notre porte pour nous demander une place. Ce qu’ils voient, c’est qu’ils ont la possibilité d’exercer leur métier pour tous sans se poser de questions et nous avons tous été formés à ça. Un médecin a quand même pour sacerdoce de soigner tout le monde de la meilleure façon possible. Même si tout n’est pas parfait en centre de santé, nous donnons ces moyens-là. Donc les missions des centres de santé rencontrent à la fois leur adhésion et leur enthousiasme.
Avec de nouvelles structures et de nouveaux médecins, la feuille de route des centres de santé a-t-elle changé ?
Dr E.M. Ils n’ont d’autre politique que de permettre l’accès aux soins du plus grand nombre. C’est une volonté commune à tous les bords. Les centres de santé qui se créent actuellement sont portés par des collectivités de droite comme de gauche. Plus question d’idéologie ; il s’agit d’aspiration commune et partagée. Les jeunes qui y travaillent, s’ils n’en étaient pas encore conscients, en prennent conscience. Cela est parfois structurant pour certains qui n’avaient pas mesuré les problématiques d’inégalités sociales et territoriales de santé. Ce ne sont pas tellement eux qui transforment les centres de santé mais parfois ces structures qui les forment sur le monde, qui n’est pas celui de « Oui-Oui ».
Comment définissez-vous aujourd’hui les grands enjeux pour les centres de santé ?
Dr E. M. Il y a eu un changement de gouvernement et de ministre : nous sommes en attente d’orientations, du plan sur les déserts médicaux et d’annonces opérationnelles sur la création des structures regroupées. On a entendu M. Macron citer un grand plan des structures d’exercice regroupé, parfois limité dans l’expression aux MSP. Nous attendons d’y être associés.
Où en êtes-vous des discussions sur l’ordonnance annoncée le 26 janvier 2016 ?
Dr E.M. Elle doit redéfinir les conditions de création et de fonctionnement des centres de santé. Nous en avons rejeté la première version en bloc de façon unanime, puisqu’elle contenait la proposition de mettre en place une autorisation pour la création. Aujourd’hui, le travail continue, et la possibilité pour des structures lucratives de gérer des centres de santé est apparue dans le texte de façon explicite. Tout cela nous fait craindre que le centre de santé devienne un enjeu d’investisseurs qui veulent faire commerce de la santé ambulatoire. Nous avons expliqué notre position, qui apparait faire la majorité. Nous attendons maintenant le retour du ministère. Nous ne sommes pas là pour prendre la place des uns et des autres, mais les problèmes sont importants, les enjeux sont énormes, et la population des territoires a besoin de tous . Les centres de santé sont des acteurs importants, intéressants, pertinents qui peuvent apporter des solutions dans beaucoup de situations.
Propos recueillis par Amandine Le Blanc
Article précédent
« Je ne voulais pas passer à côté d’une telle opportunité »
« Je ne voulais pas passer à côté d’une telle opportunité »
« Tous les jours des jeunes frappent à notre porte »
Sur le blog de Luc Périno
Science brutalisée
Les patients les plus fragiles n’ont pas tous repris leur suivi
Édito
Gare au contrecoup
Sur le blog de Luc Périno
Mourir à domicile